Cahiers de la Documentation 2018/1 (mars 2018)
Éditorial
Pour débuter cette nouvelle année, nous vous proposons un petit retour en arrière, dans la continuité de notre Doc’Moment du mois de décembre sur les learning centers, en nous replongeant dans la présentation faite par Leen Lekens lors de l’Inforum 2017, à propos des nouveaux usages des étudiants au Muntpunt.
Pour rester dans cet espace temporel, vous aurez ensuite le plaisir de découvrir en profondeur le travail de fin d’études d’un des deux lauréats du Prix ABD-BVD 2017, Alexandre Jacobs, sur l’impact de problèmes liés aux sciences de l’information sur les explosions de pipelines de gaz. Pour clôturer ce volet « Inforum », Ingrid de Pourcq nous parlera quant à elle des tables rondes organisées par la plate-forme de concertation des bibliothèques d’art flamandes (OKBV).
Sautons maintenant à pieds joints vers 2018, avec un article pointu de Guillaume Sire sur les trois principales syntaxes du web sémantique, leurs procédés de normalisation et le fonctionnement des institutions chargées de normaliser ces syntaxes. Siham Alaoui nous fera ensuite voyager jusqu’au Maroc, en nous exposant la mise en place d’un système de gestion intégrée des documents (SGID) dans une organisation privée de son pays. Enfin, comme le sujet reste d’actualité, le directeur du Bureau européen des associations de bibliothèques, d’information et de documentation (EBLIDA), Vincent Bonnet, nous expliquera la place du droit d’auteur dans le débat sur les bibliothèques européennes.
Catherine GÉRARD
Een huis voor studenten
Een praktijk ervaring
Leen LEKENS, Hoofdbibliothecaris – Muntpunt
Depuis quelques années, un nouveau phénomène se produit : de jeunes personnes (étudiants et élèves) ont découvert la bibliothèque et viennent y travailler en groupes. Ce nouveau groupe d’utilisateurs a trouvé spontanément le chemin vers nos bibliothèques. Ils sont à la recherche de silence et d’un environnement qui les encourage à ne pas se laisser détourner par les médias sociaux. L’exemple du Muntpunt, la bibliothèque principale flamande de Bruxelles, montre que les étudiants avaient déjà trouvé bien plus tôt le chemin vers la bibliothèque. Bien que le Muntpunt n’ait jamais fait campagne en vue de se profiler comme lieu d’étude, les étudiants font actuellement un usage massif de ce service. Un tour d’horizon sur un intéressant groupe d’utilisateurs qui ne laisse personne indifférent.
Information through the pipeline
Investigating IS-related issues in thee pipeline explosions
Alexandre JACOBS, Consultant en Gestion Documentaire / Business Analyst, Exquando S.A.
L’article qui suit traite de l’impact de problèmes liés aux sciences de l’information sur les explosions de pipelines de gaz. Afin d’y parvenir, la discussion clarifie d’abord la notion de sciences de l’information, et présente un échantillon de disciplines dans ce domaine à la fois vaste et complexe (la gestion de projet, la gestion des connaissances et la qualité des données). Pour chacune d’entre elles, des symptômes problématiques vont être sélectionnés, puis exposés. L’article déterminera ensuite la partie spécifique de l’industrie du gaz qui sera au centre de l’attention, ainsi que les causes principales d’explosions qui affectent celle-ci. Dans le but d’offrir un aperçu complet de ces problèmes dans les explosions de pipelines et de pouvoir juger de leur impact, l’article portera sur la présence de ces symptômes dans trois rapports d’accidents (un au Canada, un aux États-Unis d’Amérique, et un dans l’Union Européenne) qui traitent des trois causes.
Allemaal rond de tafel bij kunst- en museumbibliotheken
Ingrid DE POURCQ, Bibliothecaris – Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen (KMSKA)
Depuis 2015, les bibliothécaires de la Plateforme des bibliothèques d’art de Flandre (Overleg Kunstbibliotheken Vlaanderen – OKBV) se réunissent autour d’une table ronde, afin d’échanger des bonnes pratiques sur certains sujets. Un double mouvement émerge de leurs discussions sur le public et les services. D’un fonctionnement en mode fermé, ils évoluent de plus en plus vers un fonctionnement ouvert, qui gagne en visibilité et attire un public plus large. En outre, la transition d’un environnement physique vers un environnement numérique est indubitable, où le service est de plus en plus rendu par voie électronique et à distance. Dans les musées, les catalogues de bibliothèques sont de plus en plus intégrés aux catalogues des collections d’oeuvres d’art, des banques d’images et des données d’archives. Cela permet à l’utilisateur de trouver toutes les informations sur une oeuvre d’art ou un artiste en un seul endroit. Pour chacune de ces évolutions, une collaboration avec d’autres services au sein de l’organisation est nécessaire.
Les trois visages du web sémantique
Guillaume SIRE, Maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication
Nous présentons les trois principales syntaxes du web sémantique, ainsi que leurs trois procédés de normalisation et le fonctionnement des institutions qui se chargent de normaliser chacune d’elles : le World Wide Web Consortium pour RDF/RDFa, Commercenet pour les microformats et le Web Hypertext Application Technology Working Group (Whatwg) pour les microdonnées. Tout en expliquant la différence entre ces syntaxes et leurs institutions, nous montrons ainsi pourquoi chaque syntaxe est le fruit de valeurs qui lui sont propres et entre lesquelles les développeurs, désireux de rendre « compréhensibles » leurs données, doivent arbitrer. L’enjeu n’est rien moins que la cartographie conceptuelle du plus grand espace informationnel jamais vu, qui pour l’instant est encore cartographié sur le mode hypertextuel qui a certes prouvé son efficacité, mais a également montré ses limites, notamment concernant le traitement algorithmique.
Le projet Hybridoc
La mise en place d’un système de gestion intégrée des documents (SGID)
Siham ALAOUI, Étudiante au doctorat, département des sciences historiques, Université Laval, Québec, Canada
Dans un contexte de production documentaire hybride en constante croissance, les organisations marocaines tendent vers la mise en place des systèmes de gestion dédiés au contrôle et à la gestion de cette masse documentaire. Il s’agit des systèmes de gestion intégrée des documents (SGID). Le présent article présente un bilan d’expérience du projet Hybridoc, une implantation d’un SGID à l’Institut supérieur de traduction (IST). Dans un premier temps, la GID en tant que pratique archivistique est exposée. Les spécificités des SGID en tant que systèmes d’information organisationnels sont également nuancées. Dans un deuxième temps, nous décrivons les étapes du projet Hybridoc tout en signalant les principales difficultés rencontrées.
Libraries in the European Copyright debate
Vincent BONNET, EBLIDA Director
Les bibliothèques ne sont ni une compétence exclusive de l’Union européenne, ni une compétence partagée avec les États membres. Elles sont une compétence exclusive des États membres (et des collectivités locales). Il n’y a donc pas de loi sur les bibliothèques au niveau européen, mais l’absence d’une loi ne signifie pas une absence de droits. En droit européen cependant, l’approche du droit d’auteur a été plutôt restrictive et la question de son harmonisation apparaît limitée aux droits exclusifs du créateur d’une œuvre originale. D’autre part, aucune harmonisation n’a été introduite en ce qui concerne la contrepartie de ce droit, à savoir les limitations et exceptions, dont la seule disposition commune est de se conformer au test en trois étapes de la convention de Berne. Dans un tel contexte, la nature particulière de la relation entre le droit d’auteur et les bibliothèques est un excellent exemple de la complexité du dossier, et une très bonne raison pour laquelle les bibliothèques doivent faire pression au niveau européen.