Cahiers de la documentation 2017/1 (mars 2017)
Éditorial
1996 ! Sans aucun doute une année fertile pour le monde de l’information : le 21 mars a eu lieu notre premier Inforum, le 6 décembre est initialisé l’accord de coopération FELNET.
2016 ! Le 21 mai est organisé pour la vingt-et-unième fois l’Inforum sous le titre In information we trust !!!, le 20 octobre s’est tenu la journée d’études Milieu in formatie uitformatie ? afin de marquer le vingtième anniversaire de FELNET.
2017 ! Les actes de ces journées d’études alimenteront deux numéros des Cahiers de la Documentation. Vous en apprendrez plus sur le dernier dans un prochain numéro.
Le temps s’en va rapidement, trop rapidement à mon âge, mais l’abondance de bien est trop grande du moment qu’on survole rapidement vingt ans en deux paragraphes. Depuis plus de vingt ans, nous pouvons faire appel à des spécialistes du domaine réputés, belges ou étrangers, qui abordent des problèmes actuels dans le secteur de la gestion de l’information. Nous suivons de manière précise le nombre de participants depuis 2004, et avec des chiffres fluctuant d’année en année, nous pouvons constater que nos jours fastes se situent dans la période 2005-2007 et 2011-2012, avec près de trois cent participants. Revenons un instant à notre premier Inforum. Comme maintenant, la journée fut introduite par le président et se termina par une réception. À l’époque, pas moins de onze orateurs se succédèrent avec des exposés qui étaient plus courts, mais pas pour autant moins pénétrants. Quoique nous ayons une profession très dynamique, les sujets d’alors pourraient être ceux d’aujourd’hui : les problèmes liés à la diffusion électronique de l’information, le cadre juridique, les responsabilités du professionnel I&D.
La mise à disposition d’informations pertinentes et le fact checking de ces informations comptent indéniablement parmi les tâches du professionnel de l’information, ce qui nous amène immédiatement à l’Inforum 2016 In information we trust !!!
Nous y sommes confrontés chaque jour. Le meilleur exemple, ou peut-être le pire, c’est la presse, ou au moins une partie de celle-ci. Si nous regardons rapidement quelques nouvelles de l’année passée, nous trouvons de nombreux exemples. L’un d’entre eux, c’est que lors des discussions sur un éventuel saut d’index le vice-premier ministre Kris Peeters était souvent décrit comme un homme de la CSC, alors qu’en réalité, il a été plus de dix ans à la tête de l’organisation d’indépendants Unizo. D’autres cas sont survenus entre autres après les tristes attentats du 22 mars, lorsque des représentants d’un bord politique déterminé disaient que certains musulmans auraient célébré les événements, alors que pour autant qu’on sache, le parquet n’a pas dressé de procès-verbal, ou lorsque la rafle qui a suivi pour capturer l’un des suspects terroristes aurait été insuffisamment couverte par la VRT, contrairement à ce qui se passait sur une chaîne commerciale qui avait apparemment travaillé avec une compilation d’autres images. Ou comment les faits alternatifs ne sont manifestement pas une prérogative présidentielle.
Quand nous lisons tout cela surgit à un certain moment la question de savoir jusqu’à quel point l’information scientifique est fiable, ce qu’il faut faire d’un moyen comme Wikipédia, et de quelle manière nous devons finalement traiter la politique, ce qui paraît dans la presse et les bulles d’information. Tous ces aspects ont été amplement développés. Les présentations sont disponibles sur le site web de l’ABD-BVD. Les actes de trois exposés suivent dans ce numéro des Cahiers de la documentation.
Avant que vous ne commenciez à dévorer ce numéro sur une terrasse bien ensoleillée (au moment où j’écris cet édito il y a un beau soleil hivernal dehors), je me dois de remercier toutes les personnes sans lesquelles la réussite de l’Inforum serait impossible, à part le public, les orateurs et les modérateurs, il s’agit bien sûr de la Bibliothèque Royale de Belgique qui met son infrastructure à disposition, nos sponsors pour l’édition 2016, Ebsco et LM, ainsi que les responsables du soutien logistique, à savoir les interprètes, les hôtesses et le support technique de la Bibliothèque Royale. Ma reconnaissance s’adresse également à notre Conseil d’Administration qui m’a de nouveau donné la confiance pour coordonner les travaux autour de l’Inforum, et aux collègues du groupe de travail Inforum qui opère au sein de l’ABD-BVD : Christopher qui contribue depuis de nombreuses années pour examiner les sujets possibles, suggérer des orateurs, et assumer bon nombre de charges logistiques, Sara qui s’est entre autres appliquée à offrir aux non participants la possibilité de suivre l’Inforum de minute en minute et Michèle qui a collaboré pour la première fois en 2016 et dont l’entrée n’est certainement pas passée inaperçue lors de la recherche d’un thème adéquat et d’orateurs potentiels. Elle a été d’une valeur inestimable en assumant la rédaction de ce numéro spécial.
Je vous laisse maintenant feuilleter ce numéro tranquillement. Notez déjà dans vos agendas la date du prochain Inforum, qui aura lieu le 18 mai 2017, de nouveau à la Bibliothèque Royale de Belgique. Il s’agira des évolutions dans les services liés à l’information et de la mutation des publics.
Marc Van den Bergh
In information we trust ! Inforum 2016 de l’ABD
Florence Richter, Rédactrice en chef de Lectures.Cultures
L’Inforum de l’Association belge de documentation a 20 ans ! Et a fêté l’événement, le 12 mai dernier, à la Bibliothèque royale, en choisissant le thème de la fiabilité de l’information pour l’Inforum 2016, car, en 20 ans, le monde de l’information a beaucoup changé ; aujourd’hui, tout est très rapide et l’info très abondante… mais sommes-nous pour autant mieux informés ? Pas sûr…
Garantir l’exploitabilité des informations et des connaissances
Gilles Balmisse, Consultant indépendant, Co-Fondateur de KnowledgeAngels
Face à l’explosion du volume d’informations disponibles et la multitude d’applications permettant de produire, partager et diffuser ces informations, les organisations commencent à s’intéresser à un nouveau concept, celui de l’exploitabilité. Il s’agit en effet de rendre les informations et les connaissances accessibles, de qualité et sécurisées pour l’ensemble des collaborateurs. Pour y parvenir, de nombreux chantiers visant à refondre la gestion des contenus doivent être entamés. Mais si ces travaux sont en partie techniques, la dimension humaine et la conduite du changement associée ne doivent pas être négligées.
Strijd om het feit : De opkomst van factcheckers binnen en buiten de journalistiek
Peter Burger, Docent en onderzoeker journalistiek en nieuwe media, Universiteit Leiden
La vérification des faits, le noyau du métier journalistique, se trouve sous pression. Dans des rédactions aux effectifs réduits, moins de journalistes doivent produire plus d’actualités, dans un climat politique où tant les faits que les médias eux-mêmes font partie d’une lutte idéologique. En même temps, il existe un mouvement grandissant de personnes, actives dans les médias ou externes, qui font du « fact checking », effectuent un contrôle et un double contrôle, développant de nouvelles méthodes pour vérifier des faits. Les moyens pour ce faire n »ont jamais été aussi avancés que maintenant, et ils continuent à s’améliorer. Mais les nouvelles deviennent-elles meilleures grâce à toutes ces vérifications des faits ? Et le débat public ?
Vérifier l’exactitude des informations de Wikipédia : Quelques astuces…
Guy Delsaut, Professionnel de l’information indépendant et Wikipédien
En 16 ans, l’encyclopédie collaborative en ligne Wikipédia est devenue une source d’information incontournable, mais, par son modèle, la fiabilité de son information fait l’objet de nombreux débats et controverses. Au lieu de la rejeter complètement ou de croire absolument tout ce qui y est écrit, il vaut certainement mieux apprendre à l’utiliser en comprenant comment elle fonctionne et comment on peut s’assurer de la fiabilité de l’information qu’elle contient. Cet article porte sur l’origine des erreurs et sur les moyens dont dispose le lecteur pour vérifier si l’information qu’il reçoit est fiable ou non. Bref… une plongée dans les coulisses de Wikipédia.