Cahiers de la Documentation 2008/4 (décembre 2008)
Éditorial
Voilà encore une année qui s’achève. À cette époque-ci, les médias ont l’habitude de faire le bilan des douze mois écoulés. 2008 n’aura certainement pas été une année de joies pour beaucoup de gens dans le monde. Entre crise communautaire en Belgique et crise financière internationale, il y a de quoi être peu optimiste pour l’an neuf.
Pourtant, sombrer dans la déprime n’est sûrement pas la bonne solution. Alors, pourquoi ne pas tout faire pour que cette nouvelle année soit celle où tous nos vœux se réalisent ? C’est utopique ? Sans doute ! Mais avec un peu de volonté, certains ont réalisé ce que tout le monde pensait impossible.
Au niveau des Cahiers de la documentation, soyons clairs : on ne va malheureusement pas changer le monde mais nous vous promettons quand même du neuf. Tout d’abord, il y aura une nouvelle couverture. Et puis, dans le courant de l’année, la mise en ligne d’une majorité des articles publiés depuis 1999. Nous aurons sûrement l’occasion de vous en reparler.
En attendant, je vous invite à lire ce dernier numéro de l’année. Il s’ouvre sur les résultats d’une enquête menée dans l’enseignement supérieur dont la presse avait déjà fait écho en mai dernier. Après cela, vous trouverez la suite de la série d’articles consacrés aux brevets. Puis, un groupe de professionnels de l’information partagera son expérience d’indépendants. Enfin, un article portant sur la Chine tentera de vous convaincre de l’importance de l’information scientifique de ce pays.
Au nom du comité des publications, je vous souhaite une excellente lecture et une très belle année 2009.
Guy DELSAUT
Quelles compétences documentaires et informationnelles à l’entrée dans l’enseignement supérieur ? Résultats d’une enquête EduDOC-CIUF en Communauté française de Belgique
Paul THIRION, Directeur général, Réseau des Bibliothèques de l’Université de Liège (ULg). Président de la commission « Bibliothèques », Conseil Inter-Universitaire Francophone (CIUF)
Bernard POCHET, Bibliothécaire en chef, Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux (FUSAGx). Président,asbl EduDOC
Bien que de plus en plus de formations documentaires soient désormais organisées dans l’enseignement supérieur, le niveau réel de compétence initiale des étudiants en la matière n’a jamais été évalué. C’est la raison pour laquelle le groupe EduDOC, en collaboration avec la Commission « Bibliothèques » du CIUF, a décidé d’organiser une vaste enquête visant à objectiver ce niveau de compétence initial, à identifier les principales lacunes et à permettre aux formateurs d’adapter leurs formations en conséquence. Légèrement adapté de celui d’une étude similaire réalisée au Québec, le questionnaire utilisé comporte 20 questions réparties en cinq thèmes correspondant aux étapes de la recherche documentaire. Il a été adressé en septembre 2007 à un échantillon aléatoire d’étudiants accédant pour la première fois à l’enseignement supérieur en Belgique francophone. Le résultat plutôt faible confirme l’importance qu’il y a à mettre en place des formations permettant aux étudiants d’atteindre les compétences requises par le métier d’étudiant.
Donner du sens aux brevets : Comment explorer un état de l’art via les brevets ?
Fabienne MONFORT-WINDELS, Responsable Information et veille, Sirris
Les bases de données de brevets permettent de se faire une idée de l’état de l’art d’une technique. Les bases disponibles gratuitement sur Internet – dont l’outil désormais fameux, Espacenet – permettent à chacun de dégrossir un problème ou d’effectuer une première analyse. Les mots-clés, définis en fonction des concepts à explorer, déclinés en divers synonymes et associés par des opérateurs booléens, permettent une première approche. Les codes de classification qui subdivisent l’ensemble des domaines techniques en une arborescence assez fine sont une deuxième solution. Une bonne technique est d’adopter une méthode itérative en combinant recherche par mots-clés et par codes de classification.
Donner du sens aux brevets : Les bases de données de brevets
Fabienne MONFORT-WINDELS, Responsable Information et veille, Sirris
Les bases de données de brevets électroniques sont aujourd’hui accessibles à tous, souvent gratuitement et sur Internet. Ces bases sont dotées d’une interface conviviale et présentent des facilités intéressantes. Leur contenu est de plus en plus complet. L’outil Espacenet est le plus connu, il est en constante amélioration et est essentiel pour tous ceux qui veulent consulter des bases de données de brevets. En plus des documents de brevets, il donne accès à des détails sur leur statut juridique. Les outils professionnels sont assez coûteux mais offrent de la valeur ajoutée en termes de qualité de contenu, de facilité de rapport, d’outils statistiques etc. Sirris dispose de certains d’entre eux qu’il utilise pour aider les industriels dans leur recherche de brevets.
Les documentalistes indépendants : retour d’expérience du mini-réseau Indépendoc
Françoise COMET, Consultante en information-documentation, F2C
Brigitte HAOUR, Consultante en information-documentation, Syn@doc
Delphine KIEFFER, Consultante en information-documentation, Aubance
Florence MUET, Professeure, Haute École de Gestion de Genève – Filière information documentaire
Françoise QUAIRE, Consultante en information-documentation, CFTDOC
Bruno Louis SÉGUIN, Consultant en information-documentation, La Toilerie
Bruno Bernard SIMON, Consultant en systèmes d’information, BBS Consultant
Clotilde VAISSAIRE, Consultante en information-documentation, CV Conseil
Exercer le métier de professionnel de l’information en indépendant est sans doute un rêve pour beaucoup de salariés. Cependant peu de professionnels s’y risquent vraiment en raison des nombreuses questions qu’ils se posent. En France, le mini-réseau Indépendoc regroupe des documentalistes indépendants depuis 2001. Les auteurs, membres de ce réseau, font le point sur les difficultés qu’ils rencontrent, sur leurs pratiques et les services qu’ils proposent. Même s’ils ne souhaitent pas donner de conseils, l’article permet aux documentalistes salariés d’avoir une meilleure idée de ce que pourrait être leur métier s’ils travaillaient pour leur propre compte et suscitera peut-être des vocations.
Intérêt et méthode d’extraction de l’information scientifique chinoise
Nadège GUÉNEC, Doctorante, Université Paris-Est Marne la Vallée, Membre du Groupe de recherche en Intelligence Économique, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Henri DOU, Professeur, École Supérieure de Commerce et de Management (ESCEM), Membre du Groupe d’Expert en Intelligence Économique, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
L’industrie chinoise de l’information s’est déployée de concert avec l’émergence d’Internet et le développement impressionnant de la recherche scientifique chinoise. Nous présentons dans cet article le portail de ressources bibliographiques chinois le plus important car développé par le gouvernement chinois à l’université de Qinghua à Pékin. La maîtrise de la recherche documentaire et de l’analyse des ressources disponibles sur ce portail nous semble indispensable pour tout veilleur scientifique dans les domaines de pointe. Ceci souligne la nécessité d’une allocation de ressources entre autres au niveau de la recherche et de l’analyse des informations chinoises. Cette étude tente de démontrer grâce à un exemple comparatif d’une recherche sur un même thème sur des bases d’articles scientifiques américaines et chinoises le fait que le monde de l’information scientifique et technique est en train de changer et que «l’universalité» des sources d’information anglo-saxonnes est actuellement remise en question.